Cartas de amor de Pedro e Inez
« Depuis que vous êtes parti la fontaine des amours c’est tarie.
Ici tout est devenu lent étiré. Les pierres s’enfoncent dans le marais
honteuses de porter votre oubli.
Sur les murs se dessinent des routes griffées, poreuses.
J’y vois couler des larmes.
Aujourd’hui le soleil blesse mes yeux de sa lumière trop vive.
Je me cache dans la forêt, elle me parle, me caresse la peau.
Près de la carrière mon arbre frémit.
Je pose mon front sur son écorce, le sève monte, ma langue l’accueille.
L’amour attend votre retour pour faire jaillir l’eau à nouveau.
les seins des femmes pointent déjà, des mains se serrent.
Autour de la source un peu de mousse verte grouille de vie et de joie.
Tout bouge en cadence et m’annonce l’évanouissement du jour.
Je vous quitte, le crépuscule envahi la plaine et la maison,
notre maison, est un temple éteint.
Inez, paris, août, 1994
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