mardi 15 février 2011

narcisse...


La femme danse sur le bateau qui traverse le fleuve.
Elle regarde en bas et plonge.
Une algue se roule autour de son poignet
et l’oblige à descendre.
L’homme la voit disparaître.
Au fond de l’océan elle embrasse son double.
Narcisse s’ouvre comme la bouche d’un dieu malade.
Il laisse échapper un soupir et se noie aussitôt.
La porte se ferme avec fracas, un tremblement court
derrière une petite fille et la manque, et la manque.
La ville brûle tout entière ou presque.
Saint-Georges a tout vu et n’a rien pu.
La femme serre les mains de l’inconnu avec force.
En un clin d’œil le bien trompe le mal
et l’amour comme la poésie, dicte sa volonté.
Tout recommence neuf, léger, informe et accompagne
les âmes dans leur pénible traversée.
La soif est tarie là où la Nécessité les accueille,
et le cri des huit sirènes les rend folles mais de joie.
Méfiez-vous des sirènes !
Méfiez-vous des sirènes !

narcisse



Dans la cour un arbre a pris racine à même le ciment.
Dedans, les oiseaux ont construit des maisons.
Ils ne se trompent jamais les oiseaux si fragiles,
dans le pouvoir de traverser le monde par le haut.
Ici la tempête est venue agiter une mer
qui se lance contre un rocher lisse.
Une porte fermée de l’intérieur révèle
ses transparences liquides.
Narcisse tel un coquillage,
se décolle doucement de la vitre
et glisse à terre.
Une bulle de salive éclate au coin de sa lèvre,
sa bouche se tord dans un rictus disgracieux.
Il plie sa beauté dans un mouchoir et le sort
est enfin brisé.

A Familia, Gala de Dança Oeiras 2010


A Familia, Oeiras 2010



chorégraphie: lidia martinez
journée mondiale de la danse
oeiras, 2010

A Familia, Oeiras 2010