samedi 6 octobre 2007
Le reste est silence
Le Reste est silence
( extrait)
Le bouffon, o bobo, Martin, chante la berceuse
en se frayant un chemin parmi le public.
Ensuite, après le chant, il va vers la chaise
du Roi et prend le sceptre.
Il joue autour et avec le public.
Martin :
- Je suis né triste, c’est chose rare pour un bouffon.
Ma tristesse vous fait sourire.
- Cet amour est un tourbillon d’étoiles !
- Des ailes, il me donne des ailes –
- il fait semblant de voler, sur la pointe des pieds il regarde le ciel.
- Demandez à Dieu, qui est le Roi Saudade !
- Il est le premier, le seul à placer le froid jouet de la mort sur un trône.
- Tout autour de lui reflète Inez, chaque arbre connaît la grâce de son abandon.
. Elle est le papillon de nuit pris au piège d’un pli de velours
au bas du manteau royal, un bijou greffé sur de la dentelle usée.
Ah, ah, je sens vibrer ses ailes au creux de mon pauvre cœur de bouffon !
Mon bon Roi … Pedro le « Justicier « , le « Cru «,
le jouisseur, le veneur, mon jumeau !
( Il tombe au sol ).
- Vous êtes tous venus et n’osez rien dire…
- ( il se lève ),
- regardez, regardez son chagrin dans mes yeux…
- oui, oui… vous craignez cette douleur qui assombrit mon regard.
- Sa folie et ma bosse s’accordent, elle grossit mon dos,
- elle m’habille pour la dernière des nuits.
Entre roi, D.Pedro, Martin s’adresse à lui :
- Oh, mon bon roi donne-moi du pain, du pain, je tombe!
-
- Pedro prend sa main et lui dit :
- Comme tu as maigri mon pauvre Martin, ta bosse te pique le dos…
- Martin :
- - De nous deux tu es le plus fou, le plus bossu, le plus malheureux.
- partage mon pain et mon agonie.
- Brise ton cœur de pierre et allons mourir auprès du peuplier,
- où la reine est enterrée.
Fin du monologue, le bouffon vient chercher le roi.
Le cirque est la maison du roi.
Le roi fui t incliné… il reste petit vu d’ici.
Moi je continue de désobéir au vent !
Je sais que la grande douleur est muette
et que chaque nuit possède son manteau.
Les hirondelles ont choisi cette nuit
pour trisser autour de la tombe d’Inez !
HI, HI, HI, HI, HI !!!!!!!
Son royaume s’est perdu dans le brouillard autour du Mondego.
Les spectres de la cour suivent la procession macabre.
Hallalis, Hallalis !!!!!!!!!!!
Préparez les faucons, nous allons chasser,
Une si bonne compagne pour l’éternité. la Saudade
Hallalis, hallalis….
Suit la berceuse et le thrène.
L’auteur dit un petit texte sur D.Pedro :
Dernière phrase de l’auteur :
( … ) Pedro s’habille pour l’ultime parade et déjà l’oiseau se meurt par la bouche «.
Le personnage du bouffon s’habille en roi.
Le bouffon, Martin :
- Ah! Le vent, sentez, sentez ce vent qui vient ce soir nous visiter.
Il nous glace le sang et nos pieds frappent en cadence la pierre humide.
C’est un baiser de nuit qui nous surprend, il glisse ses ailes froides
sur une main décharnée !
Aie, aie, aie … Inez se balance entre deux mondes,
son voyage prend fin au bout de cette allée.
Entre les lys vibrent des insectes pris au piège de la lumière.
Je suis celui qui a ouvert sa tombe, le temps souffre de la nuit éternelle.
Après le chœur des moines j’ai cru entendre la mer !
Oui, chaque chose regardait sa propre image,
tout devenait le miroir d’un autre et plus rien ne se fixait.
L’air sentait l’ambre et la résine, la mort aussi…
Il s’adresse à la Morte.
Dort, dort ma Reine, la quiétude du lieu te convient-elle ?
C’est moi ton Pedro, nous sommes seuls, je sens ton âme éclairant la mienne,
dans la mort tu écoutes mon désespoir.
Parler, parler, laisse ton pauvre roi te parler ;
J’ai été ton loup, le bourreau qui n’a pas su t’épargner.
Dans mon royaume tu es deux fois reine.
Tout a été bon, tout a été béni !
Ah! Coimbra était notre mère, tout a fleuri, les champs, les berges,
les places se sont remplies, le peuple te saluait.
Le fleuve éclairé par les torches s’inclinait vers nos pas qui couraient à tes côtés.
Te voilà enfin, si proche dans ton éternité de pierre !
Cet amour me fait peur, le sommeil me prend…
Inez, cette nuit nous sommes frères,
deux oiseaux morts partageant le même nid
Até ao fim do mundo.
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