mercredi 31 octobre 2007

cartas de amor de pedro e inez, le reste est silence



Cartas de amor de Pedro e Inez

Pedro,
Me voici prête au dernier adieu, puisqu’il allège le peuplier
de ses feuilles sombres, tardives.
Il y a des roses qui habillent ma gorge de satin parfumé.
L’odeur m’apaise et la nuit rentre en moi par la bouche
Et fait éclater ma poitrine.
Ma peur se roule à tes pieds, se cache sous la terre que tu parcours.
Je suis l’oiseau poursuivi par les chiens d’un roi qui ignore tout de la passion.
Un insecte apeuré et ses ailes me crucifient à un destin
qui s’écrit par-delà un lit de pierre dentelée.
Je demande au vertige de ne pas rougir l’eau de notre fontaine,
qu’il tarde de le faire.
Le quart de lune décroisse encore sous le lourd
témoignage de ce crime.
Il est le seul témoin de cet abandon.
L’adieu est l’oraison que je répète au temps qu’ils me volent,
à la vie qui me reste.
Ma bouche ne bouge pas, elle boude.
Pedro, ne laisse pas la trahison lever le poignard qui menace ma quiétude.
Reviens et protège-moi de tout ce qui me tue.
Fais-vite, le diable me colle son pas, il me glace le visage de ses doigts impairs.
Inez, Paris Juin 1997

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