( ...°- Je ne pouvais que boiter,en lui courant après.
- Voir, voir,
voir !
- Serrer la bouche.
- Elargir le sourire, briser les larmes.
- Tu sens ?
- Une odeur obscure ?
- Une sombre odeur de noir de théâtre.
- On refroidit.
- La main sur le mur, seule chauffe.
- On pose ensemble pour disparaître ?
- Attendons.
- Comme ça, pour voir.
- Je me coucherais bien sur le dos,
comme un naufragé.
- Un amour sans œuvre peut-il résister?
- Il coule, il s’inscrit dans le mensonge.
- La belle actrice dans le vieux film,
elle mentait ?
- Elle ment toujours.
- C’est bien ça.
- Ah, oui, c’est indispensable.
- Si je m’endors, au réveil,
m’apprendras-tu le monde ?
- Je suis trop fatigué.
- Je vois des coquelicots sur la nappe.
- Il y a des papillons qui me caressent
les pouces.
- Et moi des fourmis dans les pieds.
- J’avale des bouillons de mélancolie.
- Les abeilles sont mécontentes,
c’est mauvais signe.
- Le chien est assis à la porte de l’enfer.
- J’ai toujours aimé les cabots.
- On y est presque.
- J’aimerais tout effacer avec les mains.
- Même la faim.
- Je possède des mots pour accéder au silence.
- Alors tais-toi.
- Elle a su parler au milieu de la honte.
- Pas nous.
- Tu veux dire son prénom, une dernière fois ?
- Non.
- Un signe de la main en guise d’adieu ?
- Non plus.
- On saute ?
- C’est cela.
- Demain ?
- Après toi.
LM.
Paris,1O mai 2007
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