vendredi 4 mars 2011

2 lettres d'amour de Pedro à Inez


Pedro à Inez :

Ah! Le vent, sentez, sentez ce vent qui vient
ce soir nous visiter.
Il nous glace le sang et mes pieds frappent
en cadence la pierre humide.
C’est un baiser de nuit qui nous surprend,
il glisse ses ailes froides sur ta main décharnée !
Aie, aie, tu te balances entre deux mondes,
ton voyage prend fin au bout de cette allée.
Entre les lys vibrent des insectes pris
au piège de la lumière.
Je suis celui qui a ouvert ta tombe,
le temps souffre de la nuit éternelle.
Après le chœur des moines, j’ai cru entendre la mer !
Oui, chaque chose regardait sa propre image,
tout devenait le miroir d’un autre et plus rien ne se fixait.
L’air sentait l’ambre et la résine, la mort aussi…
Adieu, dans ton monde, je te suis.
Mon cœur est désormais condamné au silence.
Ton Pedro,

Paris, 2005, 2011.


Lettre de Pedro à Inez


Dort, dort ma Reine, la quiétude du lieu te convient-elle ?
C’est moi ton Pedro, nous sommes seuls, je sens ton âme
éclairant la mienne.
Dans la mort, tu écoutes mon désespoir.
Parler, parler, laisse ton pauvre roi te parler ;
J’ai été ton loup, le bourreau qui n’a pas su t’épargner.
Dans mon royaume, tu es deux fois reine.
Tout a été bon, tout a été béni !
Ah! Coimbra était notre mère, à ton passage, tout a fleuri,
les champs, les berges, le peuple te saluait.
Le fleuve éclairé par les torches s’inclinait vers nos pas.
Te voilà enfin, si proche dans ton éternité de pierre !
Cet amour me fait peur, le sommeil me prend…
Inez, cette nuit nous sommes frères, deux oiseaux morts
partageant le même nid.

Mon amour, até ao fim do mundo.

Ton Pedro,

Paris 2005

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