samedi 8 décembre 2007

les amours cyclopes sont"sans-souci"


« Les amours cyclopes sont sans-souci »
( extrait pour la pièce « autre-cas « )

La femme est couchée à même le sommier et le matin se déplie en ombres, traçant sur la porte une ligne bleue Elle serre très fort les yeux pour préserver sa nuit, la prolonge trompant la lumière encore un peu. Elle se retourne et ne bouge plus. Le pli du drap se croise là où est la douleur. Un peu vite son cœur bat, il connaît tous les secrets Machine d’enfer à tenir bon, sous sa main il palpite. Le café doit être brûlant, réconfortant, présent. Tartine, cigarette, banal. Il faut plonger dans les textes écrits la veille, continuer de remplir les pages et avec elles, les jours Hier la rage a été plus forte que le sommeil. La femme dit que la tempête est la seule violence faite aux arbres devant sa porte. Dans une nuit si pleine de la lune, les amours trahis sont les plus lourds à porter. Clarté en forme de sacrifice et aucun cri pour éloigner de nous les bêtes Nous marchons dans la montagne, la neige brille sous nos traces. Je baisse la tête, je m’enfonce dans le froid. Derrière nous hurlent les louves. Elles attendent que l’odeur de leur sex attire un mâle, un chef. Animal, animal…. le chemin de la vallée est un triangle noir où le désir se déplie comme une carte, comme une carte. Animal, animal…la forêt piquée sur le mur porte un titre secret. Jamais plus le silence de la nature ne viendra bercer nos cœurs. Mes louves à moi ont repoussé leurs maîtres. L’homme se montre, il plonge sa langue dans le nombril de la femme. Elle rit si fort que l’automne prend peur et se met à jaunir plus tard

Dans la cour un arbre a pris racine à même le ciment.
Dedans, les oiseaux ont construit des maisons.
Ils ne se trompent jamais les oiseaux si fragiles,
dans le pouvoir de traverser le monde par le haut.
Ici la tempête est venue agiter une me
qui se lance contre un rocher lisse.
Une porte fermée de l’intérieur révèle
ses transparences liquides.
Narcisse tel un coquillage,
se décolle doucement de la vitre
et glisse à terre.
Une bulle de salive éclate au coin de sa lèvre,
sa bouche se tord dans un rictus disgracieux.
Il plie sa beauté dans un mouchoir et le sort
est enfin brisé.
La femme danse sur le bateau qui traverse le fleuve.
Elle regarde en bas et plonge
Une algue se roule autour de son poignet.
et l’oblige à descendre.
L’homme la voit disparaitre.
Au fond de l’océan elle embrasse son double.
Narcisse s’ouvre comme la bouche d’un dieu malade.
Il laisse échapper un soupir et se noie aussitôt.
La porte se ferme avec fracas, un tremblement court
derrière une petite fille et la manque, et la manque.
La ville brûle tout entière ou presque.
Saint-Georges a tout vu et n’a rien pu.
La femme serre les mains de l’inconnu avec force.
En un clin d’œil le bien trompe le ma
et l’amour comme la poésie, dicte sa volonté.
Tout recommence neuf, léger, informe et accompagne
les âmes dans leur pénible traversée.
La soif est tarie là où la Nécessité les accueille,
et le cri des huit sirènes les rend folles mais de joie.
Méfiez-vous des sirènes !
Méfiez-vous des sirènes !
La femme marche devant l’homme pour oublier son pas,
pour le perdre.
Elle tourne sur soi-même et monte au ciel
dessinant
une spirale parfaite.
( eternety, eternety )

Pour finir, elle lui a offert des fleurs et du chocolat amer,

et puis le masque est tombé.

La réconciliation a besoin d’un bras fort qui serre le cou du passé.
L’homme a pris sa hache et d’un coup sec coupe
les mains de la femme.
Les fleuves noient leur peine, le vent plie le cri en l’étouffant.
A la foire il lui tire dessus avec un fusil, de son ventre sort de la pourriture.

LM, 89,05.

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