Ecoutez ma plainte
parole délivrée enfin de l’ancestrale peur
d’être repoussée encore et encore
hors du giron du père aimé
absent, autoritaire
je vous dis que ce père
que j’ai reconnu en toute crainte
comme étant le bourreau
qui embrasse la bouche du condamné
avant de lâcher sa hache
je garde intacte la pose le cou tendu vers la lame
je deviens le cadavre offert à tous en place de grève
les fleuves coulent, lavent les pieds des pèlerins
les croyants murmurent leurs secrets en fin avoués
je lave tout à grands seaux d’eau et je frotte
je frotte jusqu’à ce que la peau imprime cette volonté
j’efface les petites morts qui ont coulé sur mes cuisses
et vous ont béni de chaudes baptêmes
de prières languissantes
l’Hermite épouse son coquillage et l’abandonne éprit de libertinages enfantins
ils sont tous comme ça, me dis-je
cette valise qui ne porte en elle que l’attente
est étrangement la même, pour nous toutes
les poitrines offertes des guerriers
ont des armures telles que seule une fine épingle glissée entre deux lames
proches du cœur du héros
pourrait avoir foi de leurs craintes
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