Extrait de la pièce " Le reste est silence ":
Le bouffon, Martin :
- Ah! Le vent, sentez, sentez ce vent qui vient ce soir nous visiter.
Il nous glace le sang et nos pieds frappent en cadence la pierre humide.
C’est un baiser de nuit qui nous surprend, il glisse ses ailes froides
sur une main décharnée !
Aie, aie, aie … Inez se balance entre deux mondes,
son voyage prend fin au bout de cette allée.
Entre les lys vibrent des insectes pris au piège de la lumière.
Je suis celui qui a ouvert sa tombe, le temps souffre de la nuit éternelle.
Après le chœur des moines j’ai cru entendre la mer !
Oui, chaque chose regardait sa propre image,
tout devenait le miroir d’un autre et plus rien ne se fixait.
L’air sentait l’ambre et la résine, la mort aussi…
Dort, dort ma Reine, la quiétude du lieu
te convient-elle ?
C’est moi ton Pedro, nous sommes seuls,
je sens ton âme éclairant la mienne,
dans la mort tu écoutes mon désespoir.
Parler, parler, laisse ton pauvre roi te parler .
J’ai été ton loup, le bourreau qui n’a pas su t’épargner.
Dans mon royaume tu es deux fois reine.
Tout a été bon, tout a été béni !
Ah! Coimbra était notre mère, tout a fleuri,
les champs, les berges,
les places se sont remplies, le peuple te saluait.
Le fleuve éclairé par les torches s’inclinait vers nos pas
qui couraient à tes côtés.
Te voilà enfin, si proche dans ton éternité de pierre !
Cet amour me fait peur, le sommeil me prend…
Inez, cette nuit nous sommes frères,
deux oiseaux morts partageant le même nid
Até ao fim do mundo.
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