Augustina
Dans la maison de Gustine, après les vêpres,
la lumière descend pour épouser les angles droits des armoires.
Elle boit la blancheur amidonnée des napperons
et parsème d’ombres les pieds des tables.
Un papillon fuyant sous le tapis, aidait le jour à s’éteindre.
Moi, j’attendais la nuit pour écrire.
C’est l’heure où la maison s’anime du bruit familier
des casseroles et du souffle du feu.
Au milieu de la pièce, l’enfer se laissait dominer
par deux mains, jetant dans la marmite,
des morceaux de viandes découpées,
un chou ébouillanté à la cannelle, trois patates douces
biaisées par un couteau infernal, un gros navet bien violet,
deux feuilles de laurier, du romarin,
et ainsi le bouillon du lendemain, ne sera que plus goûteux.
Je gardais les yeux mi-clos à cause de la fumée
et soumise à une telle sagesse,
j’observais.
Soudain, un rire frappa très fort contre le mur de casseroles cuivrées,
qui se mirent à vibrer.
Ma chaise bascula en arrière et fit un bruit d’arbre sec en se brisant un pied.
Voici le prodige : Augustina venait d’entrer dans la cuisine, toute nue,
ayant pour seul artifice, un petit chapeau à plumetis, couleur betterave.
Sa bouche brillait, cela lui donnait une sorte de visage achevé
sur un corps étrangement blanc.
( ... )
extrait de la nouvelle " augustina"
LM
2009
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