La main opposée au temps
La main opposée au temps
reste soumise
soumise
Elle s’occupe du souvenir,
ne rompt aucun silence.
Etrangers, les mots se posent entre nous.
Ta violence maladroite s’évanouit,
aussitôt la séparation réparée.
Une secrète alliance entre nous,
s’obstine à garder dans le corps,
la mémoire vivante de notre peau
ne rompt aucun silence.
Etrangers, les mots se posent entre nous.
Ta violence maladroite s’évanouit,
aussitôt la séparation réparée.
s’obstine à garder dans le corps,
la mémoire vivante de notre peau.
LM, paris
Lamentation pour l’amant disparu
( un thrène)
Mon bel amant, mon petit, mon cœur,
il est tard, il est déjà trop tard,
c’est fait et plus à refaire.
Mon cœur a séché,
je me noie dans la rareté de ses larmes.
Il est tard, il est déjà trop tard.
Les vers,
les insectes vont te dévorer,
le temps fera de toi
un paillon à la nuit brève.
Les morts regardent de l’autre côté de l’abîme,
de l’autre côté du puits,
ils arrivent du fond de la peur.
Oh mon bel amant, mon tout petit, mon cœur!
La barque de Caron ne peut se fier à la lune.
Ombres et battements d’ailes furtifs
glissent sur le Styx.
Gueule de chauve-souris au museau ridé.
Elle te prend sous son manteau de poussière.
Des fleurs poussent sur les pierres.
Il est tard, il est déjà trop tard.
Mon amant, mon petit, mon cœur,
j’ai un couteau planté dans ma bouche.
Une dent de loup te coupe la lèvre,
et c’est moi qui saigne.
Aie, aie, aie, mon amant,
mon tout petit, mon cœur !
Je suis une Cassandre inutile
au rire brisé d’Ophélie.
Après t’avoir pleuré,
après avoir ri aussi,
après la vaisselle et le rangement,
j’irai à la fenêtre de ma chambre
crier au monde :
- Je t’aime, ô toi !
Mon tout petit, mon bel amant, mon cœur !
Dieu t’a insufflé la vie
par le « baiser de sa bouche «
tu as avalé une partie de son âme.
Après, tu as chuté dans le monde
et je t’ai rencontré.
Il faut rendre aux choses leur gloire.
Ce soir je suis nue dans les plis de nos draps,
Nostalghia, nostalghia.
Tu as le visage gris de l’absence.
Tu es le père du vent.
Souffles sur ma peine,
sur la pourpre désolée de mes lèvres.
Sans toi, j’ai les mains déracinées.
Libère mes mains.
Pour toi, la rose se plie
De beauté et de velours rouge.
Bruxelles, 31 octobre 2005
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